vendredi 16 janvier 2015

Alors j'attends...

Je descends lentement les escaliers. Comme d'habitude. Ne pas faire craquer les marches...
La maison est silencieuse. Comme d'habitude. Un peu plus peut-être. Ne pas y penser...

Il est 7h du matin en ce mardi matin et les chiens sont encore couchés dans la cuisine. En me voyant, ils gémissent de plaisir. Attendent une caresse sur le flanc et un baiser sur la truffe. Notre rituel quotidien...Puis j'ouvre la porte, pousse délicatement les volets. Ne pas les faire grincer ni claquer.

Mes deux compagnons sont déjà loin dans le jardin. Ils profitent de l'air frais de ce début d'automne. Moi aussi, un peu. J'inspire profondément. Espère que cette bouffée d'oxygène m’ôte la boule d'angoisse qui m'étreint le cœur et me noue la gorge.

Pas vraiment...

Je frissonne. Entre dans la maison. Relève doucement la poignée de la porte. Me dirige vers la cafetière. Prend un filtre. Dépose 8 cuillerées de café moulu. Verse 10 tasses d'eau. Appuie sur le bouton qui s'éclaire d'une douce lumière bleu. L'eau coule sur le café et une agréable odeur envahit la cuisine.

Je me détends...

Je me dirige vers l'évier pour y ranger la vaisselle de la veille. Par automatisme.

 Mais il n'y a pas de vaisselle à ranger.

Ni de chaussures qui traînent ou de blousons jetés en vrac sur les chaises.

Pas de bruits de pas sur le plancher, de "bordel, je suis en retard!", de porte qui claque, de baisers donnés à la va-vite, de "mais c'est mon pull que tu portes!", "oui, désolée, j'ai pas eu le temps de te demander", ni de "maman, on a raté le bus"

Encore moins de verres sales sur la table basse du salon tenant compagnie aux miettes des gâteaux de votre goûter.

Plus de "qu'est ce qu'on mange ce soir" et de "A table!!!"

D'heures passées sur vos ordi et les milliers de textos envoyés

De disputes entre vous qui résonnent dans toute la maison. De bagarres aussi parfois.


La maison est nickel...Trop...

Vous êtes parties dans un ailleurs qui n'est pas si loin d'ici...dans un "chez vous" qui n'est plus "chez nous"

J'ai passé mon temps à vous réprimander sur votre bazar. Je passe mon temps à le regretter.

Mais...

Il nous reste les weekends.

 Les paquets de linge sale. les chaussures crottées. Le portefeuille vide et les ventres affamés. Le manque de sommeil et le besoin de câlins. Les discussions à bâton rompu. La salon retourné et le frigo vidé. Les copains qui entrent et sortent. Squattent la maison parce qu'on est bien ici.

Je vous retrouve parfois calées au coin du feu, sous le plaid, à rire...Complices comme toujours.

Alors la maison reprend une liberté d'avant. Une jeunesse avortée par votre départ.

Alors je croise le regard de votre papa, tendre et doux.

Alors je sais que la vie a passé. pas si vite en fait. Juste comme il faut.

Alors je sais aussi qu'il est l'heure. Que le temps est venu de s'apaiser. D'accepter cette sagesse qui naît en moi en même temps que mes rides et mes cheveux blancs.

Alors j'apprécie le calme en semaine de notre cocon, que vous petites chenilles devenues de si jolis papillons faites exploser le weekend

Alors j'attends...

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